Quelques histoires instructives

Ces quelques anecdotes montrent qu'on ne peut pas toujours se fier à son instinct, ni au "bon sens populaire". Les expériences scientifiques, l'étude des comportements humains, permettent de déjouer certains pièges... du moment qu'on est prêt à leur faire confiance !

Croyance et nombre

Il a été montré lors d'une étude que lorsqu'une personne entend par plusieurs personnes distinctes la même information, elle a tendance à croire que c'est la réalité. Il suffit par exemple lors d'un débat de prendre deux complices situés à deux endroits de la pièce. Vous leur faites dire la même information et le tour est joué.

C'est ainsi que beaucoup de rumeurs sont propagées. Plein de personnes répètent une information erronée (déformée parfois de surcroit) et la croyance se renforce par le nombre de personnes le disant. Ecoutez parfois ceux qui disent le contraire de se qui se dit. En multipliant les points de vues, vous aurez peut-être une vision plus réelle.

Les pièges de l'identification

Dans une expérience, on a fait passer de faux tests à des personnes. Les résultats indiquaient dans un premier groupe qu'ils étaient serviables et dans l'autre non. Ils ont remarqué après coup que dans le premier groupe les gens se comportaient de manière plus serviable que dans le second.

Ne vous a-t-on jamais dit que vous étiez calme, speed ou spontané ? Parfois l'on se confond tellement avec son rôle qu'il semble réel et qu'on le joue à la perfection. Ce qui est dommage, c'est que le calme ne sera peut-être que calme, le speed que speed et le spontané que spontané...

Milgram et la hiérarchie

Stanley Milgram a passé une annonce pour soi-disant faire une expérience sur le lien entre mémoire et punition. Le candidat doit poser une série de questions à un autre candidat (qui est en réalité un complice). Si celui ci se trompe, le volontaire lui envoie une décharge électrique, dont le voltage augmente à chaque nouvelle erreur. La plupart des candidats acceptent (sous l'autorité du scientifique) de donner des décharges très élevées, et même certains, des décharges mortelles. Après l'expérience, une séance d'interrogation montre que les candidats déchargent leur responsabilité sur le scientifique.

Le but de cette expérience était de comprendre comment les Allemands avaient pu faire tant de tortures. Les résultats indiquent que ce qui a été fait, d'autres pays auraient pu le faire...

Histoire d'amour

Lors d'une étude, on a passé des images de femmes à des hommes. Ces hommes entendaient leur coeur dans une oreillette, sauf que ce n'était pas leur vrai coeur qu'ils entendaient : ils croyaient l'entendre. Parfois le coeur accélérait, parfois il restait au même rythme. L'étude montre que les participants avaient tendance à préférer les filles qui coïncidaient avec l'accélération du coeur.

Cela montre bien la notion d'autopersuasion : croire les choses que l'on veut bien croire. Et vous, lorsque vous croyez quelque chose, est-ce parce que cela vous plait ou parce que vous êtes objectif ? Si un mirage en plein désert peut être rassurant, il peut nous faire courir dans le mauvais sens...

Blague de la grenouille

Un scientifique examine une grenouille. Il lui coupe une patte et lui dit : "Saute" ; elle saute. Il lui en coupe deux, lui dit de sauter : elle saute. Idem pour la troisième patte qu'il coupe. Et lorsqu'il coupe la quatrième et lui dit de sauter, elle ne saute pas. Le scientifique note alors : "Lorsque l'on coupe les quatre pattes à une grenouille elle devient sourde".

Cette blague illustre bien comment on peut se faire des idées sur les apparences. Ce n'est pas parce qu'une chose parait réelle qu'elle l'est. La terre parait plate mais elle est ronde. La grenouille parait sourde (puisqu'elle ne réagit pas) mais elle ne l'est pas. Au quotidien, nous sommes tous piégés par des illusions de ce genre et nous n'en avons pas conscience.

Anecdote sur les planètes

Newton a créé une théorie qui permet de nos jours de décrire très précisément le mouvement des planètes. Un jour Einstein, avec une théorie complétement différente, aboutit aux mêmes résultats, sauf sur certains détails. Les scientifiques ont donc voulu vérifier au téléscope si Einstein avait raison sur ces fameux détails. Et Einstein avait bien prédit juste. La théorie de Newton est donc une théorie partielle car elle n'est valable que dans certains cas.

Une chose peut paraitre hyper réelle tout simplement parce que tout semble montrer que c'est vrai. Pensez que la théorie de Newton marche à merveille et qu'elle est toujours utilisée (même à l'université scientifique) parce qu'elle est plus facile d'utilisation que celle d'Einstein... Préférez donc le doute à la certitude sur vos croyances quotidiennes. Vous éviterez beaucoup de malentendus.

Des singes et des bananes

Des singes sont dans une cage. Il y a une échelle qui mène à des bananes. Lorsqu'un singe tente d'attraper les bananes, de l'eau tombe sur lui, il chute et ne peut y accéder. Tous les autres singes sont également arrosés. Au bout d'un moment, plus aucun singe n'y va. Ils retirent un singe de la cage et en mettent un nouveau. Celui-ci s'empresse d'aller aux bananes, mais avant d'y arriver, se fait frapper par les autres. Au bout d'un moment, il n'y va plus. Tous les singes sont ainsi remplacés un par un. A la fin, il n' y a que des nouveaux singes. Aucun de ces singes n'a déjà été mouillé par le dispositif de l'eau. Les scientifiques retirent même ce dispositif. Et on s'aperçoit qu'aucun singe ne va prendre les bananes. Et chaque nouveau singe se fera frapper, alors même que le frappeur ne sait pas pourquoi.

Cette expérience montre un phénomène applicable à l'homme. Le fait que lorsque l'on est conditionné depuis petit qu'une chose est mauvaise, nous avons tendance à y croire plus tard et à perpétuer cette croyance alors même que cela est infondé. A l'âge adulte les enfants battus battent souvent leurs enfants. "Parce qu'il faut se faire respecter" diraient-ils peut-être. Et vous, savez-vous toujours pourquoi vous faites les choses ?

Oiseaux et insecticides

Imaginez que vous vouliez vous débarrasser à grande échelle des insectes. Vous allez peut-être utiliser des insecticides. Lorsque les insectes sont presque décimés, le prédateur de l'insecte (l'oiseau) l'est aussi. Les insectes, n'ayant plus de prédateurs, se reproduisent beaucoup plus rapidement et vous finissez avec plus d'insectes qu'au départ.

Cela permet d'aborder le problème de "si ça marche pas c'est que j'en fais pas assez". Le problème c'est que finalement on en fait plus et on augmente le problème. Le problème augmentant, on augmente les moyens et ainsi de suite. On est alors totalement inconscient du lien entre échec et stratégie employée.

Ennui et investissement

Un jeune explique que dès qu'il commence une activité, au bout d'un certain temps il la trouve ennuyeuse et commence à se désinvestir. Son thérapeute lui propose alors une autre hypothèse : il pense qu'il va s'ennuyer, il en fait donc le moins possible, donc se désinvestit et finalement finit vraiment par s'ennuyer.

Voilà la distinction entre corrélation et implication : si deux choses arrivent toujours en même temps, cela ne veut pas forcément dire qu'une implique l'autre mais parfois qu'il y a corrélation entre les deux. Par exemple on a remarqué que plus il y avait d'églises dans une ville, plus il y avait de délinquance. Les églises sont-elles pour autant responsable de la délinquance ? Non. Le facteur du nombre de délinquants est le nombre d'habitants de la ville (et plus il y a d'habitants, plus il y a d'églises), pas le nombre d'églises.

Phénomène de masse

Voici le même genre de phénomène mais vu sous l'angle du phénomène de masse. A la bourse, il peut arriver que les actions chutent pour on ne sait quelle raison. Ce fait pourrait bien être anodin si seulement les boursicoteurs ne s'affolaient pas et voulaient à tout prix vendre leurs actions. Ceci fait que les actions chutent encore plus et ainsi de suite jusqu'au krach boursier.

Ceci illustre la notion de "boucle positive" : les effets multiplient les causes qui multiplient à leur tour les effets et ainsi de suite...